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Conférence de Hansjörg Frommer
aux Amis de la Bibliothèque Rousset-les-Vignes (25 Mai 2018)
L’Europe et la création de l’État d’Israël
La création de l’’État hébreu fut une conséquence de l’antisémitisme grandissant en Europe au XXe siècle, de la destruction du monde juif et de l’assassinat de millions de juifs par l’Allemagne nazie. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne se sent spécialement responsable de l’existence de l’État d’Israël.
Le pétrole
Le Proche Orient est très riche en pétrole, et les États-Unis et l’Europe en ont besoin pour leur économie et leur niveau de vie – une raison pour les interventions fréquentes.
Le nationalisme arabe, Israël et l’Égypte
Les gouvernements arabes après 1960 étaient islamiques, socialistes et nationalistes mais tenaient à une séparation stricte de l’État et de la religion. Ils se préparaient à une guerre contre Israël pour venger la défaite de 1949. Le 5 juin 1967, Israël lança une attaque préventive aérienne et terrestre contre l’Égypte. Après six jours, l’armée israélienne avait occupé la Cisjordanie, la vieille ville de Jérusalem, la bande de Gaza, le plateau de Golan et la péninsule du Sinaï. Nasser mourut en 1970. Son successeur, Anouar el-Sadate, reprit la guerre le 6 octobre 1973, le jour de la fête juive Yom Kippur. Il eut un certain succès mais Israël put garder les terres occupées. En 1977, Sadat rencontra Menahem Begin à Jérusalem et, en 1978, Sadate et Begin signèrent les accords de Camp David avec la médiation du président Jimmy Carter : Paix entre Israël et l’Égypte, libération du Sinaï par Israël mais Jérusalem et le plateau de Golan furent annexés par Israël et la Cisjordanie et la bande de Gaza restèrent en état de siège. Sadat fut tué par un attentat islamiste en 1981 et eut pour successeur Hosni Moubarak.
La guerre du Liban 1975 – 1990
Le Liban, avec une population de 2 millions d’habitants, était gouverné par une alliance précaire entre chrétiens (maronites), sunnites, chiites et druses. Mais l’arrivée de 500 000 réfugiés palestiniens après les guerres de 1947 et 1967 ébranla cet équilibre. Les Palestiniens essayèrent de faire du Liban la base de leur lutte contre Israël, et une guerre civile éclata dans « la Suisse » du Proche-Orient en 1975 avec des milices de tous les côtés. Beyrouth était divisée par une ligne verte entre l’est chrétien et l’ouest musulman. La Syrie, gouvernée par le parti Baas depuis 1967et, depuis 1970 par Hafis-al-Assad, intervint en 1976 pour empêcher une victoire sunnite-palestinienne, et Israël occupa le sud du pays en 1978 puis, une deuxième fois en 1982, pour protéger la Galilée. Sous les yeux des occupants israéliens (Ariel Sharon), les milices chrétiennes massacrèrent deux mille Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. Au sud se forma la Hezbollah chiite. Les Palestiniens se retirèrent, Israël aussi, les Syriens restèrent. L’accord de Taëf en 1989, médiation du conflit par les États arabes, termina cette guerre civile.
Afghanistan, Iran, Irak, première guerre du Golfe 1980-1988
En décembre 1979, l’armée de l’Union soviétique envahit l’Afghanistan pour sauver la révolution communiste. Il y avait une opposition farouche en Afghanistan, avec des valeurs traditionnelles musulmanes et afghanes. Elle fut soutenue par les États-Unis et par l’Arabie saoudite, une monarchie sunnite wahhabite qui luttait pour une interprétation extrêmement conservatrice et rigoriste de l’Islam. On estime que, depuis 1970, l’Arabie saoudite a dépensé plus de 70 milliards de dollars dans la propagation de leur idéologie. Le mouvement des Moudjahiddine était de plus en plus dominé par un islamisme global et l’un de ses chefs, Oussama ben Laden, fonda en 1993 le réseau islamiste Al-Qaïda.
En Iran, le chah Mohammad Reza Pahlavi avait modernisé son pays mais avec une dictature brutale et contre la grande majorité des citoyens et le clergé chiite. Le chef du clergé, l’Ayatolla Rouhollah Khomeiny était exilé en Iraq et depuis 1976 en France. Face à une forte opposition, le Chah dut quitter l’Iran en janvier 1979 et Khomeiny revint en février faisant de l’Iran une république islamique avec Khomeiny comme autorité suprême, nationalisation des banques et de l’industrie pétrolière et les gardiens de la Révolution comme instrument de la terreur.
En Irak, Saddam Hussein, sunnite, partisan d’un état laïque, depuis 1976 chef d’une dictature de plus en plus brutale contre un peuple majoritairement chiite, commença en 1980 une guerre contre la république islamique, qui dura huit ans et coûta la vie à un million de soldats. Les Iraniens étaient isolés, mais l’Iraq était soutenu par les États arabes, les États-Unis et l’URSS.
Saddam Hussein,Irak, Koweït, deuxième guerre du Golfe 1990 – 1991
L’Irak était appauvri par la guerre et, en 1990, Saddam Hussein envahit le Koweït, état indépendant depuis 1926, riche en pétrole, pour équilibrer ses finances. Le monde et l’ONU protestèrent et le président des États-Unis, George Bush, ordonna une intervention militaire, un bombardement aérien suivi d’une opération terrestre. Après le cessez-le-feu, Saddam Hussein attaqua les populations chiites et kurdes de l’Irak. Un embargo international se révéla catastrophique pour la population qui souffrait surtout du manque de médicaments (estimation de 1,5 millions de victimes).
Talibans, Mollah Omar, émirat islamique d’Afghanistan, 11 septembre 2001
Après le retrait de l’Union soviétique, les groupes de Moudjahiddins se combattirent pour le pouvoir et détruisirent la capitale Kaboul. En 1994 un autre groupe très conservateur, les tali-bans, les élèves des écoles islamiques, prit le contrôle du pays. Son chef Mollah Omar fonda un émirat islamique. En accord avec la tradition, l’Islam et la charia devenaient la loi fondamentale. Mullah Omar coopérait avec et hébergeait Oussama ben Laden qui organisait avec Al-Qaida des attentats contre la présence américaine (en 1996 : Zahran en Arabie saoudite, en 1998 : Ambassades américaines de Nairobi et Daressalam). Le 11 septembre 2001, l’attentat contre le World Trade Center fit 3000 morts. Avec un mandat de l’ONU, les États-Unis bombardèrent les refuges talibans et les camps d’Al-Qaida. En novembre 2002, les talibans étaient vaincus. Hamid Karzai fut investi comme président provisoire, des militaires américains et européens restèrent en Afghanistan pour assurer la procédure de normalisation mais l’opposition traditionnelle demeurait forte.
troisième guerre du Golfe (2003) et destruction de l’Irak
Le gouvernement du président George W. Bush décida de mener une guerre pour renverser Saddam Hussein qu’il accusa de terrorisme. Les preuves étaient douteuses, il n’y avait aucun mandat de l’ONU, mais une coalition avec la Grande Bretagne, l’Arabie saoudite et la « jeune Europe » sans la France ni l’Allemagne. L’Irak fut vaincu, Saddam Hussein pendu, mais la reconstruction de l’Irak ne fonctionna pas, l’état était défaillant et ne pouvait régler les guerres civiles.
intifadas palestiniennes et deuxième guerre du Liban (2006)
Israël occupait la Palestine depuis 1967quand elle annexa la partie est de Jérusalem et réduisit la surface du pays par les implantations juives. Les Palestiniens réagirent par la première « intifada » de 1987 à 1993 avec des manifestations et des attentats qui prirent fin avec les accords d’Oslo (Yitzak Rabin, Yasser Arafat et Bill Clinton) avec la création d’une Autorité Palestinienne. Mais Rabin fut assassiné en 1995 et ses successeurs ne continuèrent pas cette politique. La seconde intifada de 2000 à 2005 finit par une deuxième guerre du Liban. Au sud du Liban, les milices de la Hesbollah chiite avaient soutenu l’intifada et attaqué la frontière. L’armée israélienne occupa le sud du Liban et détruisit les bases de Hesbollah. Le cessez-le-feu intervint après une résolution du Conseil de Sécurité. Pour en finir avec des bombardements de roquettes, Israël attaqua la bande de Gaza de 2008 à 2009 et détruisit toute son infrastructure.
Syrie, « Daech » et question kurde
Depuis 2006 se forma en Irak une opposition militaire sunnite contre le gouvernement chiite et l’influence Américaine. Depuis 2010, son chef Abou Bakr al-Baghdadi, soutenu par l’Arabie saoudite, contrôla une partie de l’Irak et menaça Bagdad. En Syrie, la guerre commença en 2011, le gouvernement de Bachar-al-Assad, soutenu par l’Iran et la Russie, perdit le contrôle d’une grande partie du pays. Dans l’est, le Daech forma un grand territoire entre la Syrie et l’Irak, et en 2014, al-Baghdadi annonça la création de l’ État Islamique et du califat. Les armées syrienne, irakienne et kurde réagirent avec une guerre contre le Daech soutenues par des attaques aériennes russes et américaines. Les Russes attaquaient aussi des opposants syriens alliés aux États-Unis. Les Kurdes parlent une langue appartenant à la famille des langues iraniennes mais n’ont pas d’état. Leur territoire est divisé entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. En Irak et en Syrie, ils ont gagné une certaine indépendance. Les Kurdes syriens étaient les combattants les plus efficaces contre le Daech. Mais la Turquie craint pour sa population kurde, la plus nombreuse, et elle intervient maintenant contre les Kurdes en Syrie.