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Bernard Burgher, Bruno Autin, Jean-Philippe Kempf, Marie de Valon
Chacun de ces meurtres est une abjection. L’émotion est grande – deux de mes amies venaient de refermer la porte-cochère de leur immeuble rue de la Fontaine au Roy quand les premières salves de balles meurtrières ont ricoché sur la façade de leur habitation. Il serait vain de prétendre épuiser le sens du destin de chacune de ces victimes innocentes, tant l’objectif de ces assassins est et restera de désinscrire la vie.
À l’émotion s’ajoute la colère que l’esprit doit supporter d’avoir à subir de pareilles horreurs. Depuis cette nuit, aussi souvent que je renouvelle ma confiance à savoir trouver des réponses au pour quoi de la terreur, je n’en suis que plus gravement assailli de doutes. Bien entendu la tentation de faire des amalgames doit être écartée. Ma conscience me dit que nous ne pouvons refaire ce que fut le 11 janvier après les attentats de Charlie. Sans doute sommes-nous déjà nombreux aujourd’hui à envisager qu’il faille trouver les capacités d’inventer et de penser autrement dans le contexte actuel. Ainsi, serions capables de compassion devant nos frères musulmans qui souffrent de se savoir à ce point stigmatisé ? Ces crimes contre la chair et l’esprit affligent nos consciences; ces crimes odieux sont perpétrés par des assassins qui ont un manque de discernement absolu dans tous leurs membres jusque dans leur tête.
Jean Philippe Kempf
La réaction immédiate de Jean-Philippe Kempf devrait stimuler de nombreux commentaires. Ce que je suggère ici est une tribune d’essais de réflexion détachés de tout manichéisme. Exemples.
Je viens d’entendre dans « Les Matinales » de France Culture la description des méthodes de déradicalisation. Lorsque des parents sont inquiets de l’évolution intellectuelle et psychologique de leurs enfants, ils peuvent s’adresser à un service dont la mission est de révéler à ces enfants le processus de dégradation mentale auquel ils sont soumis. Bravo.
Autre sujet. Lorsque Ségolène Royal fut candidate à la présidence de la république, elle proposa un service national. Laurent Fabius se moqua d’elle en singeant une marche au pas ! Il avait tort et sa politique en Syrie pourrait être bien davantage un sujet d’ironie. La république a assuré le service militaire pendant plus d’un siècle. Jacques Chirac a définitivement aboli cette institution. Soit et j’y souscris pour l’aspect militaire. Il demeure qu’une mobilisation de tous les jeunes au service de la nation aurait un impact social considérable. Connaissance in situ et non pas théorique de la géographie et de l’histoire du pays. Connaissance de l’autre dans un esprit d’égalité total dépouillé de toute hiérarchie. Conduite en commun d’actions d’utilité publique. Il reste à élaborer le projet dans le détail et à le budgétiser.
Rebondissez !
Bruno Autin
« Je tire de l’absurde, dit Camus, trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort et je refuse le suicide »
Les défunts sont sans défense.
Le passé doit être retenu par la manche comme quelqu’un qui se noie.
Les défunts dépendent de notre bon vouloir ; ils comptent sur notre initiative, sur la voix qui en nous proteste et nous commande de rester témoins de l’indicible.
Il y a la fidélité ; il y a le bruit du monde et le silence des absents ; il y a les plaisirs ou les soucis de la vie et il y a la prière que nous adressent les morts.
Les morts prient, il faut leur répondre.